Le slow teaching : quand les profs ralentissent le rythme

Dans notre série méthodes de développement personnel…

Samira, maîtresse d’école en CP, n’en peut plus : « Nous ne sommes que lundi et je suis déjà à bout. Entre la classe, les évaluations et les livrets scolaires à rédiger, un rendez-vous parent ce midi, une réunion à 16 heures, les préparations ce soir et le blog de l’école à mettre à jour avant demain matin, j’ai l’impression de courir tout le temps. »

C’est ce rythme infernale que pointe Marie Clément dans son livre « Moi, feignasse. Eloge du Slow Teaching ». Cette maîtresse d’école met en garde ses collègues sur cette spirale du « trop » :
« Nous sommes dans un univers socio-professionnel de plus en plus compliqué, surtout en cette période pandémique. Le métier de prof a beaucoup changé : entre les exigences des parents, le comportement des élèves et les demandes pressantes de l’institution, les enseignants sont au bord de l’implosion. Il devient urgent de baisser la pression ».

Dans son best-seller, Marie Clément propose des solutions concrètes pour mettre en œuvre ce mouvement du « slow teaching ». Extraits :

Les cours : 08h30. Langage dans le coin regroupement ? Découverte du texte de lecture ? Exercices de grammaire dans le cahier du jour ? Non, pas envie.
Slow teaching : Ce matin, on ne fait rien. On ne court après aucun objectif, et on ne vise aucune compétence. Aujourd’hui, on descend dans la cour pour dessiner un arbre ou tracer des marelles sur le béton. Pire. Aujourd’hui, on joue à un jeu dangereux. On brave les interdits. On fricote avec le diable. Aujourd’hui, on danse avec la honte, mais on aime ça. Aujourd’hui, on rentre fièrement dans la classe et on dit aux élèves : « Allez remplir votre bouteille d’eau, on va se balader »

La formation : La surexposition aux écrans est un enjeu de santé publique, chez les enfants comme chez les adultes.
Slow teaching : On arrête tout de suite Magistere, la plateforme de formation en ligne des enseignants, qui peut s’avérer néfaste. Comment ? Connectez-vous en classe et demandez à Lola ou Timéo de cliquer régulièrement sur la souris pour faire progresser le parcours. Un inspecteur ne peut décemment pas vous reprocher de pratiquer dans votre classe la manipulation des outils numériques, le partage des tâches et la différenciation.

Les papiers administratifs : Attestation de retour à l’école, projet individualisé, projet d’école, projet d’action… Est-ce vraiment nécessaire de passer des heures à remplir ces formulaires alors que vos amis Stéphanie et Aziz vous invitent à inaugurer leur nouveau salon de jardin ?
Slow teaching : Vous devez rédiger le Programme Personnalisé de Réussite Educative (P.P.R.E.) de Camille ? Munissez-vous d’un ancien exemplaire, celui de Matéo ira très bien, puis changez juste le nom et le prénom de l’élève. Vous venez de gagner une heure de travail. Même si personne ne lira votre document, pensez quand même à modifier la date.

Les courriers : Consignes, propositions de projets, circulaires… le nombre d’emails que vous avez à traiter est de plus en plus important, et cela vous donne le sentiment d’être constamment sollicité, voire contrôlé.
Slow teaching : On efface le compte professionnel de son téléphone, de sorte à ne plus penser au travail quand on est à la maison, et si ça ne suffit pas, on place l’adresse mail de l’école et de l’inspecteur dans les anti-spams. C’est radical.

Les réunions : Les membre du conseil d’école débattent de la passionnante question du partage entre les enseignants et les animateurs des ballons en plastique qui se trouvent dans l’armoire rouge de la salle de motricité.
Slow teaching : Il y a autant de chance que la relation entre le monde scolaire et périscolaire se règle dans l’apaisement que l’O.N.U. parvienne à cesser le conflit israélo-palestinien. Que pouvez-vous y faire ? Rien. Alors, c’est le moment de lâcher prise. Faites le vide dans votre esprit. Inspirez. Soufflez. Inspirez. Pensez à un endroit agréable, un endroit où vous vous sentez en sécurité. Soufflez. Inspirer. Vous vous sentez plus détendu, plus relaxé. Si ce n’est pas le cas, fixez un point en face de vous. Quelque chose d’apaisant. Par exemple, le visage du D.D.E.N. qui dort depuis une heure.⚫