Muxerolles : vive tension à l’école autour de la succession de Françoise Dufour

« J’ai annoncé officiellement mon départ en retraite il y a quelques jours. Je connaîtrai le nom de celui ou celle qui va me succéder au printemps prochain. Nous aurons du temps pour que le passage de relais se passe correctement ». Françoise Dufour, après 38 années passées dans l’Education nationale, se montre toujours aussi […]

« J’ai annoncé officiellement mon départ en retraite il y a quelques jours. Je connaîtrai le nom de celui ou celle qui va me succéder au printemps prochain. Nous aurons du temps pour que le passage de relais se passe correctement ». Françoise Dufour, après 38 années passées dans l’Education nationale, se montre toujours aussi douce et positive. L’enseignante est fière de léguer à celle ou celui qui sera nommé sur le poste une belle salle de classe, du matériel de qualité et de nombreux fichiers et livres pédagogiques récents.

Pourtant, selon nos informations, les autres professeurs de l’école n’acceptent pas que leur nouveau collègue puisse bénéficier d’autant de largesses : « Nous n’allons quand même pas laisser un inconnu nous dévaliser, s’emporte David Fouquet, le maître de CP. Une position qui peut apparaître comme extrême, mais qui est empreinte d’humanité : « C’est une manière d’aider les jeunes que de leur montrer que rien n’est acquis et que c’est un métier difficile. » Sur ce point, David Fouquet est légitime puisqu’il est militant syndical, après plus de 20 ans d’engagement dans l’éducation populaire. Il sait donc combien la solidarité est importante.

Le contenu des armoires de la classe de Françoise Dufour fait également l’objet de nombreuses convoitises chez Valérie Dachicourt et Mélissa Martin, respectivement enseignantes en CE2 et CM1. Les deux femmes ne s’adressent plus la parole depuis mardi dernier. La première a en effet demandé discrètement à Françoise Dufour de lui réserver l’horloge murale factice aimantée rouge.
« Je le vis comme une trahison, regrette Mélissa Martin. D’autant plus que j’avais proposé qu’on inventorie tout le matériel avant de se le répartir. Tout le monde était d’accord. En plus j’avais proposé de m’en occuper et de faire la liste sur ordinateur. Avec Publisher. Tout le monde s’est moqué. »

Colère également du côté de la collègue de CM2. « Ça fait 8 ans que je travaille ici, conteste Patricia Morel. Ma classe se trouve au deuxième étage. L’après-midi, on a le soleil dans les vitres. Il fait chaud mais si on ouvre, on entend le bruit des voitures. Alors vous pensez bien que je vais récupérer la classe de Madame Dufour, et je n’attends l’accord de personne ».

En l’état actuel des choses, le nouveau collègue de CP aura donc à la rentrée une classe au deuxième étage, avec des armoires vides.
« Une seule armoire vide, nous corrige d’emblée David Fouquet, parce que j’ai demandé à récupérer les deux autres. J’en ai seulement quatre et je suis parfois un peu juste pour ranger mes affaires ». Ce qui pourrait ressembler à de l’égoïsme de la part des enseignants de l’école est en fait un beau geste de solidarité, ainsi que nous l’explique Valérie Dachicourt : « Une grande classe, sans aucun matériel qui traîne. Une seule armoire. Ça laisse beaucoup de place. C’est très pratique. »

Et de la place dans la classe, il va y en avoir besoin. Les enseignants de l’école viennent en effet d’effectuer la répartition des élèves pour l’année prochaine. Le nouveau collègue aura 34 élèves.