5 choses à savoir sur le cahier de poésie de ton enfant

1. Le choix de la poésie. Si les enseignants programment leurs apprentissages en français et en mathématiques dans des tableaux compliqués avec des lignes, des colonnes et des couleurs partout, aucun n’anticipe le choix de la poésie qui sera travaillée en classe. En général, c’est dans sa voiture, en allant à l’école et au moment où la […]

1. Le choix de la poésie. Si les enseignants programment leurs apprentissages en français et en mathématiques dans des tableaux compliqués avec des lignes, des colonnes et des couleurs partout, aucun n’anticipe le choix de la poésie qui sera travaillée en classe. En général, c’est dans sa voiture, en allant à l’école et au moment où la radio diffuse de la publicité, que le professeur baisse le volume et décide du texte qu’il fera recopier dans le cahier.
D’après nos informations, certains enseignants choisissent même le texte au moment de dire :
– Bon, sortez votre cahier de poésie.

2. Le dessin de la poésie. Le cahier de ton enfant alterne les pages avec des carreaux (seyès) et des pages de dessin blanches. Chaque poésie bénéficie en regard du texte recopié ou collé, d’une illustration qui, elle aussi, n’a fait l’objet d’aucune réflexion pédagogique. Fait majeur : elle permet à l’enseignant d’avoir la paix 10 minutes, temps nécessaire à Hugo pour dessiner une maison avec une cheminée qui fume et un soleil qui sourit.

3. La récitation de la poésie. Un enfant qui récite sa poésie se colle toujours devant la tableau, effaçant avec son dos toute trace de craie, ânonne le texte très vite et ne marque aucune pause entre la fin de l’oeuvre et le nom du poète. Ce moment n’a donc de poétique que le nom, puisque le récitant ne montre aucune stratégie oratoire, ne fait aucune proposition scénique, ne fait pas siens les mots pour délivrer une émotion et ne cherche même pas à se situer dans une dimension herméneutique.

Interrogés sur sa prestation par la maîtresse ou le maître, les autres enfants disent que « C‘était bien. »
Devant la vacuité de cette analyse, l’enseignant(e), désolé(e), montre le dessin de la poésie (voir point précédent) à la classe, qui s’exclame tout de go : « Waaaaaa« , même si c’est moche.

4. La posture de l’enseignant au moment de la poésie. S’il se fout royalement des bourgeons qui sortent des boîtes ou du bonhomme de neige qui fond « ne laissant que sa pipe et puis son vieux chapeau » , l’enseignant est toujours content de faire écrire ou réciter une poésie. C’est en effet le seul moment de la journée où il pourra s’asseoir au bureau.

5. L’auteur de la poésie. Si le noms de Jacques Prévert ou Maurice Carême évoquent à la fois le surréalisme, la Belgique, la naïveté de l’enfance, la joie de vivre et la gravité , tout le monde se fout complètement de savoir qui est Corinne