Où placer Enzo, cet élève pénible à qui tu ferais bien manger sa trousse…

Notre tuto pédago.

Tu es enseignant(e) et après ces premières journées de classe, tu commences à bien connaître tes élèves. Tu as repéré celui qui s’exprime facilement, le timide et celui qui fait le con quand tu as le dos tourné mais qui n’a jamais rien fait quand tu l’interroges. D’ailleurs, tu l’as surnommé Patrick Balkany.
Et puis tu as repéré Enzo. Il n’écoute rien, n’en rame pas une et s’agite. Les spécialistes le nomment pudiquement : « l’élève perturbateur ».
Question importante de ce début d’année scolaire : où placer Enzo pour éviter qu’ils ne perturbent davantage la classe ? Voici notre tuto.

Au fond de la classe ? Surtout pas. Enzo attend de toi que tu agisses de la sorte. Il en profitera pour passer ses journées à glander et à bavarder avec son voisin. En gros comme les deux gars de la mairie venus hier et qui ont mis deux heures hier à changer un néon. Mauvaise idée, oublie.

Tu crois encore en l’influence positive et à la transmission de la valeur travail bleu-bite ? Ta naïveté te perdra. Enzo est un prédateur qui ne fera qu’une bouchée de la petite Elise, dont les parents voudront savoir pourquoi tu as placé leur petit bébé à côté de ce coupe-jarret en herbe. « Elle ne peut pas se concentrer la pauvre. Elle va finir en échec scolaire ». Bon d’accord, les parents d’Elise en font des caisses. Normal, ils sont profs tous les deux. A l’Education nationale, il est bien connu que les parents d’élève les plus casse-burnes sont les profs. Mauvaise idée, oublie.

Y’a de l’idée. Tu progresses, mais ne fais confiance à personne. Ceux que tu crois être tes alliés peuvent se révéler en cours d’année de véritables félons. Une simple baisse de régime, et Enzo aura tôt fait de les enrôler dans sa spirale infernale. En quelques jours, il y aura plus de bruit dans cette partie de la classe quand dans un conseil d’école lors d’un débat passionnant sur le sens de circulation sur le parking de la salle des fêtes. Mauvaise idée. Oublie.

C’est expéditif. Tranché. Trop tranché. Le faire sortir de la zone de combat n’est pas digne de toi, soudard. Affronte Enzo les yeux dans les yeux. Et puis si tu crois que la directrice est dans son bureau et qu’elle n’a que ça à faire de jouer les garde-chiourme, c’est mal connaître notre noble institution. La directrice, pour 9 classes, elle a trois heures de décharge. Aujourd’hui, elle est en classe, demain aussi et dans trois jours elle sera déjà en burn-out, donc, mauvaise idée. Oublie.

Ce que tu peux être drôle. A l’Education nationale, les enfants hautement perturbateurs n’existent pas. C’est un mythe, une légende. On ne prononce jamais le prénom d’Enzo dans les couloirs de l’administration. Imagine le bazar s’il fallait aider tous les profs qui ont des Enzo dans leur classe ? Et puis quoi encore ? Il faudrait leur fournir des moyens supplémentaires aussi ? Et puis du personnel qualifié tant qu’on y est ? Mauvaise idée. Oublie.

Bien vu troufion. Tu peux facilement contrôler tous les faits et gestes de ton adversaire. Mais attention : les places sont chères. Cette zone stratégique communément appelée « devant le tableau » est très prisée des parents possessifs, angoissés, ou pire, travaillant dans l’enseignement ou le médico-social.
Dès le début de l’année, tout le monde voudra placer son rejeton devant le tableau.

Problème : tu n’as que cinq places. Alors à toi de jouer deuxième pompe : mets la fille de l’infirmière scolaire à côté du radiateur et place Enzo devant toi. Devant le tableau. En pleine lumière. C’est là qu’est la place d’Enzo.
Ainsi, tu rejoins Philippe Meirieu qui explique dans son ouvrage Le plaisir d’apprendre (Editions Autrement, 2014) :  « Ma conviction est faite et je n’en démordrai pas : dans la course effrénée que vivent nos enfants (…) la découverte du plaisir d’apprendre reste l’acte fondateur de toute éducation. Placer un élève en difficulté devant le tableau signifie replacer le plaisir au cœur des apprentissages. Et en plus si vous pétez en classe, vous pourrez l’accuser ».

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