Aménagement de la classe : et si on revenait aux rangées ?

C’est l’une des grandes questions qui agitent le prof pendant sa nuit de sommeil ou sa réunion : « Comment vais-je disposer mes tables ? »

La disposition des tables des élèves en rangées distinctes a longtemps été considérée comme le mal absolu, car symbole d’une pédagogie réactionnaire, ne placant pas l’enfant au coeur des apprentissages. A travers ce choix pédagogique, on devine la prédominance de la parole du professeur, l’absence totale de travail de groupes, et de facto le non recours à la démarche d’investigation dans l’enseignement des sciences, ce qui est une hérésie. Le plan ci-dessous illustre cette organisation. 

On trouve malheureusement dans certaines classes des organisations spatiales encore plus réactionnaires. En voici un exemple.

La présence d’une estrade au pied du tableau montre combien l’enseignant affiche une supériorité provocatrice envers ses élèves. On devine les pensées du fonctionnaire, son pied à peine posé sur le parquet blanchi de cette scène d’opérette :
– Oui je suis sur une estrade. Oui je suis plus grand que vous. Oui j’ai le savoir absolu et vous n’êtes tous que des petits scarabées. En plus, j’ai une Megane Scenic. Ha ha ha !

Depuis quelques années, les rangées distinctes font leur grand retour en classe. D’abord parce que le vintage est à la mode. Ensuite parce qu’avec 29 élèves par classe et du mobilier qui n’a pas été renouvelé depuis 30 ans, il n’est pas toujours facile d’organiser ses tables en groupe de travail avec des jolis pots à crayons colorés, comme on le voit dans les séries américaines ou les vidéos diffusés sur le site de Canopé.

Les rangées distinctes peuvent être efficaces, pourvu que l’on place les élèves stratégiquement. Voici un exemple.

Dans la partie verte se trouvent les bons élèves. Calmes, ils savent se concentrer plus de 15 secondes quand tu donnes une consigne. Dans la zone orange sont assis les élèves qui mettent plus de temps à recopier leurs phrases parce qu’ils ont mis 20 minutes à trouver leur stylo bleu. En zone rouge, ceux qui dansent sur leur chaise ou qui courent partout dans la classe, cherchant désespérément leur AESH qui a disparu.
Même si tu as judicieusement placé le plus perturbateur dans la zone noire à côté du bureau, force est de constater que cette organisation n’est pas optimale. Autre solution : le panachage.

Cette proposition consiste à répartir les élèves de la zone rouge dans toute la classe, de sorte à séparer les perturbateurs. Malin. Malheureusement, au fil de l’année scolaire, les enfants évoluent : les studieux deviennent pénibles. Certains bavards impénitents travaillent correctement et pire, ceux qui passaient leur journée au mois de septembre à regarder par la fenêtre commencent à s’intéresser à ce que tu proposes.
Il te faut donc convenir d’un code couleur, allant du noir au vert en passant par le rose, et qui permet de croiser le niveau scolaire et le comportement.

Pour t’aider à classer tes élèves, nous te conseillons de mettre en place en début d’année une évaluation diagnostique. Les résultats te permettront de placer les élèves dans la classe. C’est efficace, mais un peu austère. Aussi, gardons le même esprit, mais avec le précieux secours de littérature de jeunesse. Elmer l’éléphant par exemple.

Sympa non ? Evidemment, cette organisation de classe est à envisager dans le cas où un seul adulte est présent dans la classe. 

Si un ou une A.E.S.H. est présent(e) : on change tout ! On dispose le mobilier de sorte à favoriser l’autonomie des élèves… et pour le reste… c’est canapé et mojitos toute la journée !